Grenoble : des actionnaires japonais pas toujours bien compris

Actionnaire majoritaire (99,42%) du Grenoble Foot 38 depuis 2004, la société japonaise de services pour téléphones portables Index Holdings a engagé des moyens financiers lui permettant d'accéder en Ligue 1, mais une gestion peu lisible risque d'handicaper le club. Le groupe nippon doit encore gagner la confiance du monde économique et politique grenoblois, laquelle a été écornée au printemps, lorsque Index a rencontré des difficultés pour faire valider la montée en L1 du club par la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG). Pourtant, depuis sa prise de contrôle en 2004, Index Holdings a d'abord comblé les déficits du GF38, qui était alors menacé de relégation administrative, avant d'augmenter progressivement le capital du club de 442.000 euros à 4 millions d'euros environ. Mais l'incertitude sur son accession en L1 a attisé les convoitises d'anciens dirigeants espérant profiter de cette situation pour revenir dans le jeu. Mettant en avant le fossé culturel qui sépare selon eux le Japon et la France dans la gestion des affaires, ils ont plaidé pour une ouverture de capital vers des sociétés locales ou françaises. Index a repoussé cette idée, soulignant qu'elle n'avait pas "trouvé des partenaires partageant sa vision". Démentant plusieurs fois les rumeurs de vente, elle a au contraire renforcé sa position sur le GF38, écartant ceux qui s'y opposaient. Stade, une vitrine bien fragile... ---------------------------------- Ainsi le directeur général, Pierre Mazé, sans doute victime de ses prises de positions dans les médias locaux, aurait été convoqué par ses patrons japonais et ne semble plus faire partie des plans, selon des sources locales. Le président du club Kazutoshi Watanabe, N.3 d'Index, étant basé à Tokyo, c'est le manager général Hidetaka Ubagaï, relais local d'Index, qui dirigerait désormais le club au quotidien, alors qu'il ne parle ni français, ni anglais, selon des sources proches du club. Il gère notamment avec l'entraîneur Mehmet Bazdarevic le recrutement, qui tarde à prendre forme avec les seules arrivées du défenseur serbe Zoran Rendulic, au niveau incertain, et du milieu Laurent Batlles (Toulouse, 32 ans), suscitant ainsi l'inquiétude légitime des supporteurs. Le GF 38 s'est fait prêter Moreira (Rennes) qui n'a plus marqué depuis deux ans... La validation définitive de l'accession en L1 par la DNCG, le 19 juin, après un versement de 4,24 millions d'euros (700 millions de yens), a calmé l'agitation autour du GF38, mais son organisation manque toujours de lisibilité. Le budget prévisionnel de 22 M EUR, inférieur à celui de Metz l'an dernier, paraît bien juste pour assurer le maintien, alors que l'administration du club est à professionnaliser, ainsi que les infrastructures d'entraînement, assez sommaires. Seul le Stade des Alpes (20.068 places), doté d'équipements technologiques ultramodernes, est à la hauteur de la Ligue 1, mais fait figure de vitrine bien fragile.